CHERCHE TON MÉTIER!
Quand j’avais treize ans, mon père m’a dit: «Cherche ton métier! Hfl
voulu travailler le fer ou le bois. Un parent de ma mère possédait un atelier]'
serrurerie. Dans l’arrière-boutique était rangée une collection d’ouvragesenM
que j’aimais beaucoup.
Le tintement clair des marteaux sur l’enclume dure et le coup sourd surlefer rouge faisaient une musique adorable.
Mon père se mit fort en colère quand je lui dis mes goûts. La ferraille
1 semblait un pauvre métier d’hommes à mains noires et à casquettes. Mon père
n’aimait que sa profession à lui. Il voulait la même chose pour ses fils.
J’étais un enfant indiscipliné, violent et vagabond. Je revenais souvent
à la maison avec les traces de batailles d’où je ne sortais pas vainqueur. Je
manquais souvent les classes, et les professeurs n’étaient pas contents de moi.
Ce qui m’attirait beaucoup, c’était la nature. Je manquais l’école pour
m’asseoir sous un arbre et admirer la nature. Je souriais au soleil, je parlais
aux oiseaux, j’admirais les insectes et je caressais les chiens. J’entrais dans
la nature comme dans l’amour de ma mère. Il me semblait que des bras se
tendaient vers moi, des baisers m’appelaient.
Un jour mon père m’amena chez mon patron M. Laborde. M. Arthur Laborde, à qui manquait un oeil et la
bonté de cœur, était chef de la pâtisserie Francati, boulevard des Italiens.
Nous étions très mal nourris. M. Laborde était avare. Il utilisait les
miettes de pain. Notre meilleur repas était le dimanche soir, où le chef de
cuisine, M. Dubois, cuisait un gigot et des haricots
rouges. Le gigot bien préparé redescendait à la cuisine où leurs chefs
prenaient chacun leur part. Enfin, il venait aux treize apprentis, les premiers
en grade se servaient d’abord. Les petits devaient se contenter des haricots.
Les apprentis recevaient
souvent des coups de la part des ouvriers. Ces coups tombaient toujours sur les
mêmes. Les hommes font de la haine contre les forts, mais de la méchanceté
contre les faibles. C’est la loi.
1
Trouvez les phrases qui
parlent de l'amour du garçon pour la nature et lisez-les à haute voix.
2
Quels conseils le
garçon a-t-il reçus de son père quand il avait 13 ans?
3
Comment était la vie
des jeunes apprentis dans la maison de M. Laborde?