Montmartre. Hier, un village avec des vignes. Aujourd’hui, un quartier
de Paris. Hier comme aujourd’hui, une colline qui inspire les peintres et
attire les touristes...
Montmartre, dans les années 1900,
c’est donc encore un petit village où on rencontre des peintres, comme Pablo
Picasso, et des écrivains, comme Roland Dorgelès.
Dorgelès aime aussi la bonne
peinture. Mais il n’aime pas les peintres qui se moquent du public, qui, vite,
mettent des couleurs sur une toile et la vendent très cher.
Il n’aime pas les snobs qui
achètent ces tableaux, les critiques qui fabriquent la mode. Il se demande
alors ce qu’il peut faire pour se moquer de ces gens-là. Et tout à coup, l’idée vient, une idée
magnifique, énorme, très simple!
Devant un café de Montmartre, il
y a un âne qui s’appelle Lolo. Roland Dorgelès fixe un pinceau avec de la
couleur bleue au bout de la queue de l’âne. Derrière la queue et le pinceau,
l’écrivain pose une toile, et il donne une belle carotte à Lolo. Heureux, l’âne
remue la queue... et met du bleu sur la toile, puis du noir et du vert.
Maintenant, l’âne en a assez; il ne remue plus la queue. Une carotte, du rouge
sur le pinceau, et hop, notre âne pose un joli rouge sur le tableau. La toile
est terminée: il faut lui donner un nom et en trouver un pour le peintre.
Dorgelès appelle le tableau: «Coucher de soleil sur l’Adriatique». Et
l’artiste? «L'âne»? Non! Tout le monde va comprendre. Mieux: «Boronali»! Oui,
ça tonne bien? Un nom italien pour un peintre, c’est magnifique!
Dorgelès se demande ce que les
visiteurs du prochain Salon dit Indépendants vont penser de cette farce. Le
Salon des Indépendants? Une grande exposition de peinture qu’on peut voir une
fois par an à Paris... Le Salon a lieu: les visiteurs admirent le «Coucher de
soleil». Quel bleu? Quel vert? Cette mer rouge, que c’est beau, que c’est vrai!
Il n’y a personne pour faire des critiques sur l’artiste. Boronali? Un peintre
moderne, intéressant, qui montre la route. Enfin, un «connaisseur» achète le
tableau, et cher! Bravo, Lolo? Non?
Roland Dorgelès écrit alors un texte dans le journal
«le Matin». Titre de l’article: «Un âne, chef d’école». D’école de peinture,
bien sûr! La France s’amuse et admire l'idée de l’écrivain.
2.
Comment était le tableau dessiné
par la queue de l'âne? Trouvez dans le texte la réponse et préparez la lecture
à haute voix.
3.
Pourquoi le peintre a-t-il fait cette farce?
4.
Quelle était Sa réaction du public? Et
pourquoi?